Compostage 111 – Fermer son jardin en fin de saison

La fermeture du jardin en fin de saison génère un afflux massif de matières végétales qui peut représenter jusqu’à 40% de la biomasse annuelle destinée au compostage. Cette période critique, qui s’étend de septembre à novembre au Québec, teste la capacité de gestion des suicrates et détermine largement la qualité du compost de l’année suivante.

L’avalanche automnale de matières organiques

Les jardins québécois produisent en moyenne 15 à 25 kilogrammes de résidus végétaux par 100 mètres carrés lors de la fermeture saisonnière. Cette quantité massive inclut les fanes de légumes, les tiges de tournesols, les plants de tomates, les feuilles mortes et les dernières tontes de gazon. Sans gestion appropriée, cet apport soudain transforme rapidement un compost équilibré en masse putride anaérobie.

L’erreur la plus courante consiste à déverser tous ces résidus en une seule fois dans le composteur. Cette pratique crée un déséquilibre dramatique du ratio carbone-azote, particulièrement problématique avec les résidus verts riches en azote comme les fanes de tomates ou les dernières récoltes de légumes-feuilles. Le résultat : des odeurs nauséabondes qui peuvent persister tout l’hiver et compromettre les relations de voisinage.

Stratégies d’équilibrage pour éviter le déséquilibre

La gestion efficace de cet afflux repose sur le principe de l’étalement temporel et de l’équilibrage immédiat. Les suicrates expérimentés préparent dès l’été leurs réserves de matières carbonées : feuilles mortes de l’année précédente, copeaux de bois, papier journal déchiqueté ou paille hachée. Cette préparation anticipée coûte entre 25$ et 45$ CAD (19€ à 34€) pour une saison complète, mais évite les problèmes de fermentation anaérobie.

Le principe du « sandwich » s’avère particulièrement efficace : chaque apport de résidus verts doit être immédiatement recouvert d’une couche équivalente de matières brunes. Pour les gros volumes, comme le nettoyage complet d’un potager de 50 mètres carrés, il devient nécessaire de fractionner l’opération sur plusieurs semaines. Cette approche permet au processus de décomposition de s’amorcer progressivement sans saturer le système.

L’aération devient cruciale durant cette période. Le brassage hebdomadaire, plutôt que mensuel, permet d’éviter la compaction des matières et maintient l’oxygénation nécessaire aux microorganismes aérobies. Les composteurs rotatifs montrent ici leur avantage, facilitant cette opération répétitive.

Traitement spécialisé des résidus problématiques

Certains résidus automnaux nécessitent un traitement particulier. Les plants de tomates, aubergines et pommes de terre, potentiellement porteurs de maladies cryptogamiques, doivent être séchés au soleil pendant plusieurs jours avant incorporation. Cette précaution réduit significativement les risques de propagation de pathogènes qui survivraient facilement à l’hiver québécois.

Les feuilles de noyer noir, contenant de la juglone toxique pour de nombreuses plantes, requièrent un compostage séparé de 18 à 24 mois minimum. De même, les résidus de plantes traitées avec des pesticides chimiques doivent être exclus du compost destiné aux cultures alimentaires. Cette sélection rigoureuse s’inscrit dans la philosophie suicrate de maîtrise complète de la chaîne alimentaire.

Les graines de mauvaises herbes représentent un défi particulier. Les températures de compostage doivent atteindre 55°C pendant au moins trois jours consécutifs pour détruire la viabilité germinative. Dans les composteurs domestiques, cette température n’est pas toujours atteinte, particulièrement en automne. La solution consiste à sécher ces résidus au soleil pendant une semaine complète avant incorporation, ou à les composter séparément dans un tas dédié aux matières douteuses.

Optimisation de la fermentation hivernale

Contrairement aux idées reçues, le compostage ne s’arrête pas en hiver. Un compost bien équilibré à l’automne maintient une activité microbienne ralentie mais continue, même par températures négatives. La clé réside dans la préparation d’un mélange optimal avant les premières gelées sérieuses.

L’ajout de matières fines et facilement décomposables comme les épluchures de légumes ou le marc de café permet de maintenir une activité thermogène minimale. Cette chaleur biologique, même modeste, accélère la décomposition et prépare un compost de qualité supérieure pour le printemps suivant.

La protection du compost contre les cycles gel-dégel devient essentielle. Une bâche perforée ou un couvercle protège contre l’excès d’humidité tout en maintenant l’aération nécessaire. Cette protection, disponible entre 15$ et 35$ CAD (11€ à 26€), représente un investissement minimal pour préserver le travail de toute une saison.

L’approche suicrate considère cette gestion automnale comme un investissement dans l’autonomie alimentaire future. Chaque kilogramme de résidus végétaux correctement compostés évite l’achat de fertilisants commerciaux et améliore la structure du sol pour les cultures suivantes. Cette vision à long terme distingue fondamentalement les suicrates des jardiniers occasionnels qui voient dans les résidus automnaux une corvée plutôt qu’une ressource précieuse.


Je place ici les sources que j’ai utilisées pour valider les informations techniques et économiques présentées dans cet article. N’hésitez pas à consulter ces références pour approfondir votre compréhension du compostage automnal.

Sources :